J'ai jeté un regard furtif sur le chemin abrupt parcouru, sur les pentes et mes plaintes, l'altitude atteinte, j'ai regardé le ruban doré du soleil là-bas, tout au bout, on aurait cru le bout du monde. L'humanité n'était plus qu'une fourmilière, je la surplombais de tout mon corps et je me sentais grande pour la première fois de ma vie. Le souffle court, le coeur chaotique, tremblante dans ce couloir entre la petitesse du monde et l'infini du ciel si près de moi. J'ai épanché les regrets, purgé le chagrin. J'aurais pu hurler et écouter le cri se répercuter contre les parois de l'atmosphère, ricocher contre les nuages, j'aurais pu glisser j'aurais pu apprendre à voler, j'aurais pu donner signe de vie. Je suis restée silencieuse et immobile comme la ville à mes pieds. Suspendue à mes lèvres, à mes yeux, je la buvais, j'avais soif de ce genre de beauté. Je savais qu'en bas, les rues seraient à nouveau vides, pleines de désert, les murs beaucoup trop hauts, beaucoup trop ternes, grisés par la vie. Je me suis dit que j'aurais aimé que le monde soit une montagne, mais que la montagne était déjà tout un monde. Le vent m'avalait tout entière, m'aidait à respirer, faisait virevolter les longues mèches de cheveux, s'engouffrait dans la doublure ; je n'étais plus hermétique à rien, je m'abandonnais aux émotions, aux sensations les plus fortes. Je crois que je n'étais pas loin de m'envoler, que les courants d'air auraient su m'emmener encore plus loin, auraient été assez puissants ; j'aurais été assez légère. Je crois que plus rien n'existait à ce moment-là, je m'étais éclipsée au milieu des constellations, absentée du monde et il ne restait qu'une main, ta main tendue vers moi pour me porter secours, ton regard qui ne voulait pas que je tombe et qui me disait qu'il ne fallait pas avoir peur. Je n'avais peur de rien, je t'aimais, j'aimais exister avec toi et jouer à cache-cache avec le monde.
Merci pour ta carte, et pour tes mots que ma maman a fait suivre jusqu'ici. Merci pour tout ça, j'espère que tu es encore éveillé, car je pense à toi. Je me demande où tu es, sûrement avec quelqu'un que tu aimes (Aude peut-être?) J'espère que tout est beau en tout cas, ce n'est pas tous les jours le premier janvier :)
Love you (L)