Lundi 17 mars 2008 à 19:19

N'y réfléchis plus. Ne te rappelle pas. C'est déjà loin derrière tout ça. Ce n'est plus à toi. Ils n'y sont pour rien. Je n'aurais dû accuser personne. La seule fautive, c'est toi. Ca sonne bizarre à l'intérieur, tu entends ?  Ca sonne vide, trop plein de vide, tu n'entends que ça. Ca sonne vide, faux. Et ça pleure. Trainées brûlantes et brûlées, carbonisées, sur la pente de mes joues. Ca glisse, regarde, ça s'en va. Je ne voulais pas. En même temps, qui veut, dans ces moments-là ? L'inconnu qui t'observe, te demande et t'écrit, et une mère qui sourit mais ne te reconnait plus vraiment. Ton obsession épiée, animal de compagnie posté au milieu de la foire. Les regards posés sur lui dévisagent un visage. Et un corps chez qui plus rien de vrai ne vit. Je suis lourde. De tout ça. Douloureux et naïfs mots d'enfance. Collision passé/présent et réfraction de la lumière. Ca devait arriver, un jour ou l'autre. J'aurais préféré demain. Béante, la plaie, et toi, les yeux fermés. Pas si hermétique que ça, en réalité. Je lui souriais, je ne le regarde plus. Maintenant qu'il m'a mise à nue. Déshabillés, les sentiments, les émotions, l'avant, l'après, la totalité de l'être et ce que l'on ne sera plus jamais. Pas de draps sous lesquels se cacher, je cherche de tous les côtés. Quelque chose sur lequel me poser, m'adosser, quelque chose capable de me faire tenir debout la minute d'après, quelque chose auquel mon regard saura se confronter. Tout plutôt que moi. Sa petite feuille Bristol, jaune, son stylo qui n'arrête jamais, et tourne, tourne autour de moi, les yeux de ma mère, les touches du clavier qui s'enfoncent, l'une laissant place à l'autre. Je ne voulais pas de place pour moi. Les machines à remonter le temps existent. Je n'en veux plus. On s'est levés au mauvais moment, on a loupé le bon arrêt. J'ai neuf ans. Un miroir en face de moi que l'on m'oblige à regarder. Et plus une seule arme ; pas de verrou, pas d'obscurité, pas de mots méchants à dire, pas de regards durs à lancer, plus un seul sourire. Vide et sans défense, je me suis moi-même tout enlevé. Ce n'est rien de grave. Ca pique un peu comme l'alcool sur la plaie ou le Coca-Cola dans les yeux, alors voilà, ça fait pleurer. J'ai avalé de travers, l'autre fois, mais ça ne devrait plus avoir d'importance six ans après.

Jeudi 20 mars 2008 à 22:20

J'aurais bien fait funambule, au-dessus des étoiles.



A des kilomètres à la ronde, il n'y a plus que l'évidence.
Tout près de moi, reste le sentiment.

____________________________________________________________( Une belle farce, mon petit poisson d'Amour. )

Mardi 1er avril 2008 à 13:26

http://cumulus.cowblog.fr/images/tumblrlwwbutGkaL1qcat8ho1r1500.jpgBien sûr. Il y a toujours des risques. Partout. Le risque de se casser la gueule sur le goudron et de ne pas pouvoir se relever. D'embourber la voiture. De partir en vrille. Le risque d'oublier ce qu'on avait juré de se souvenir. De regretter. De se retourner juste comme ça, juste parce que, on avait oublié quelque chose derrière soi, il nous semble. De regretter. Le risque du passé un peu trop présent ou du futur toujours trop innaccessible. Le risque des conséquences. Le risque du jamais, du toujours, du trop ou du pas assez, du noir, du blanc et de la désertion des couleurs. Le risque de mourir déjà. De se lasser de vivre encore. De devenir ce que l'on haïssait. De perdre les gens qui disaient nous aimer. Et de s'en foutre, surtout, de s'en foutre royalement. Bien sûr. Dans trois minutes, je peux m'écraser au sol, comme K.O. et attendre, attendre le coup de grâce, le gong, la gloire, l'amour, le chaos. Attendre une main pour me relever et penser déjà à la prochaine chute puisqu'elle est inévitable, n'est-ce pas ? Attendre l'heure où il faudra partir parce que. Parce que la nuit est faîte pour dormir. Parce que pour Cendrillon tout était fini, au douzième coup. Parce que c'est comme ça. Qu'il faut rentrer dans les rangs, accepter les normes et se la boucler. Admettre que ce ne sera certainement pas nous, si petits, si grotesques, qui changeront la donne, que tout, tout est le fruit du hasard. Ou de la triche. Coup de poing, coup de maître ou coup en douce. Mais coup, toujours. Alors bien sûr. Je peux décider de prendre l'avion, demain matin, et me crasher demain soir. Noircir des tas de feuilles et les voir finir à la poubelle. Donner des sourires plus qu'il n'en faudrait en sachant pertinemment qu'il y aura forcément des larmes. Reprendre en main mes rêves les plus irréalisables et leur donner l'éventualité d'une réalité. Jouer le tout pour le tout. Vivre même si je sais que la prochaine seconde peut être fatale. Vivre parce que je sais que la prochaine seconde peut être fatale. Vivre parce qu'un jour, une prochaine seconde me sera fatale.

" Contre la vie qui va, qui vient, puis qui s'éteint. Contre l'amour qu'on prend, qu'on tient, mais qui tient pas. Contre la trace qui s'efface au derrière de soir. Jeunesse lève-toi. "


Damien Saez.

 

Samedi 26 avril 2008 à 0:40

Assise, sauter par la fenêtre. Essayer, au moins. Oublier les mots des autres, truffés d'hypocrisie et de mensonge, les rumeurs de la ville, le fond sonore de la classe, la langue de mon piano, oublier les regards significatifs du meilleur ami et jusqu'aux mots indescriptibles du prof de français. Les limites du pays des merveilles sont plus loin, aujourd'hui. Repoussées. Briser les carreaux un à un, du regard. S'en aller sans leur dire au revoir, savoir pertinemment que ce n'est pas la peine, désirer ne jamais revenir. Être si bien, là-bas.. Trop pleine et trop vivante pour être faible. Terrasser chaque obstacle à la liberté. Ne plus discerner les objets les uns des autres, flouter les couleurs, merveilleuse aquarelle. Ne pas discerner grand chose d'ici, mais ce morceau de vie, vouloir en faire un gigantesque arc-en-ciel. Donner à la vie un autre visage ; la transfigurer. N'avoir plus dans la tête que l'écho d'une voix qui adoucit les choses les moins belles, les plus âpres, et remplit le vide. Un sourire en ligne de mire, éteindre l'incendie, rattraper les rêves au vol et recommencer à y croire. Poser la première pierre et s'en aller chatouiller les étoiles du haut des gratte-ciel. S'incarcérer avec lui et habiter ensemble un monde différent. Fermer les yeux pour mieux ressentir, frauder pour cet Avec qui endort si bien l'absence. Imaginer son présent dans le monde parallèle et se dire que nous sommes deux à vivre le même instant. Faire durer les mots, les sons, les rires, les silences, même, le plus longtemps possible, pour toujours, pourquoi pas. Savoir que sur le compteur défilent les secondes et que le moindre souffle est à vivre. Au bout du fil, sa vérité. Prendre conscience de sa chance. Avoir froid, un peu, et ouvrir la fenêtre, et saisir les frissons. Ne plus avoir les mêmes critères d'existence, ne plus le regarder tout à fait de la même façon, l'entendre maintenant, se trouver un peu bête, un peu niaise avec ce grand sourire. Commencer et finir la journée de la même façon, comme étreinte par ses bras, et pendant que le ventre se tord, que le coeur bat si fort tout bas, laisser le bonheur et l'amour se faire une place plus grande et réaliste au creux de moi. Connaître l'imparfait et le savoir présent.

Mardi 6 mai 2008 à 18:33

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