J'écrirai pour assurer ma liberté.
J'écrirai pour assurer ma liberté.
Mercredi 6 février 2008 à 7:38
Il n'y a rien à savoir de moi. J'ai relativement longtemps marché à contre-temps. Mon coeur se plaît à battre la pulsation. Je vous écris du bout du monde, un endroit que les rêves sont seuls à pouvoir conquérir. Ici s'entremêlent et s'enlacent des miliers d'utopies plus ou moins irréalisables, plus ou moins vieilles et poussiéreuses. Je ne cherche pas à savoir si je pourrai un jour me noyer toute entière dans l'ombre de mon propre piano à queue, ni si je serai capable, juste une fois, de remplir des centaines de pages avec cohérence et beauté. Je ne cherche pas à savoir si j'aurai des enfants, s'ils porteront les prénoms que je leur ai inventés, ni si mes pas, un jour, me conduiront jusqu'à Nantes. Je ne cherche pas. Les rêves ne doivent qu'être rêvés. Comment ferions-nous, sinon, à quoi cela nous servirait-il d'étreindre si fort dans nos bras des rêves morts, des cadavres de magie ? Je ne veux pas les réaliser, ce serait comme les poignarder. Ce serait les détruire. Je ne veux pas les réaliser; je veux les poursuivre. Je veux les croire. Je veux croire en tout sans preuve et sans espoir, sans calcul et sans regret. Il n'y a rien à savoir de moi. J'aime comme je peux et je vis de toutes mes forces. Je ne suis pas encore partie en quête d'un quelconque paradis. J'ai la terre et la boue. J'ai l'herbe et les cailloux. J'ai les larmes et la flamme. Parfois, j'ai même le ciel et les nuages. La liberté qui s'enferme dans ma chambre. Je prône la vie. Je ris d'elle et je ris de moi. Tout le temps, partout, toujours. Pourquoi jouer des rôles. Pourquoi jouer du piano. Pourquoi envier toujours l'ailleurs, vouloir s'en aller. Il y a tant à faire ici et maintenant. Tant à voir, tant à ressentir. Vous ne semblerez pas plus heureux de l'autre côté de la barrière et les mêmes barreaux vous encercleront, seulement positionnés différemment. Toujours un peu trop haut pour que vous osiez les sauter. Il n'y a rien à savoir de moi. Je suis un peu trop remplie de vide. Excessivement remplie de vie. Conçue de contradictions. J'accepte la solitude. J'adore le silence. J'écoute les bruits inaudibles. Je crains l'inconnu et éteins la lumière. J'observe, tête en l'air et mains dans les poches, l'avion dans le ciel du matin, qui dessine aux stabilos orange et rose son présent si éphémère, si fugitif, sa course aux étoiles si éternelle et infinie. Et, tête en l'air, mains dans les poches, je le dépasse.
___________________________________________________________________________________ Moi c'est Caroline, enchantée. =).
Mercredi 6 février 2008 à 19:16
Et tu vois pas comment ça peut se terminer. T'as pas fermé les yeux pourtant. Non. T'en es persuadée. T'as pas fermé les yeux. Avant ce virage, ça durait. T'étais là, encore, à parler. A parler à Benoît, ou peut-être à la lune. Presque pleine à ras bord. Un peu plus et elle débordait. Sur toi. Tu retenais tes paupières. Tu retenais ton souffle. Tu voulais rien perdre. Pas un instant. T'étais là, à sourire encore. A Venise, juste derrière toi. Aux souvenirs, si près et si loin, déjà. Vous aviez compté les mois, les semaines, les jours, et puis vous vous étiez dits à lundi. Avant ce virage, y avait encore la tête de Paul sur ton épaule. Tu la sens. Qui glisse. Malgré toi. T'as beau te dire, c'est comme ça, tout se termine, chaque vie prend des tournants conséquents, tu t'en fous pas mal, de ce qu'on peut dire, de ce qui se fait, d'habitude. On est tous des moutons copiés-collés. Toi si tu pouvais, tu serais encore en train de crier sur la piazza San Marco. Pigeon parmis tant d'autres. Tu crierais au voleur, au bonheur. A la différence près de ton sourire. Tu hurlerais à la vie. Si tu pouvais, tu serais encore là, seule au milieu d'une cinquantaine de petits Français. A regarder, éblouie, la vie d'un autre oeil. Si tu pouvais, tu ferais à nouveau des demi-tours en rechignant, un peu, et tu demanderais aux autres si on n'est pas déjà passés par là. Tu rirais gentiment au nez d'un chauffeur soumis à une perversité aiguë. Tu irais ouvrir la porte 113 à Madame Le Carpentier, et tu l'écouterais sans broncher te dire qu'on vous entend du bout du couloir et qu'il faudrait baisser d'un ton. Si tu pouvais, tu revivrais en boucle ces six tout petits jours jusqu'à les connaître par coeur, jusqu'à ne plus avoir peur d'oublier. Si tu pouvais. Mais tu peux pas. Tu te contrains à ce détail singulier qu'on ne peut vivre qu'une seule fois. Alors la bande de douze, les ruelles remplies des résonnances de vos choeurs, le tiroir à bonbons, la parfaite femme de ménage, les vaporetti chaque matin et chaque soir, inlassablement, les p'tits pois, jaunes ou verts, peu importe, et la femme à pics qui tombe va savoir où, on met tout ça au passé mais on en garde un morceau pour le présent. Histoire d'avoir une raison d'en sourire encore. D'en sourire toujours.
_________Felicità.
____________________.__( Parfois ça se résume en un mot. )
Samedi 1er mars 2008 à 21:19
Tout n'est qu'artifices.
Et feux d'artifices.
Mercredi 5 mars 2008 à 11:26
Et autour de la table, tu vois, il reste encore une place.
Ca ne tient que si on y croit, et moi, tu sais, je ne crois en rien.
Bien sûr que j'aimerais bien te montrer qu'ailleurs, on ferait pas que fuir.
Est-ce que tu sens le vide sous nos pieds ? Est-ce que ce vide là tu le sens, quand je t'embrasse ?
Allez saute-moi au cou, allez dis-moi que la vie est belle.
Pourquoi le temps qui passe nous dévisage et puis nous casse ?
Pourquoi tu restes pas avec moi, pourquoi tu t'en vas ?
Pourquoi la vie et les bateaux qui vont sur l'eau ont-ils des ailes ?
Pourquoi les avions s'envolent bien plus haut que les oiseaux ?
Pourquoi que les étoiles sont-elles là-haut suspendues ?
Pourquoi le ciel est-il si haut ? Pourquoi alors ?
Il ira loin. Il ira loin, celui-là. Mais qu'il y aille sans moi.
Il y a toujours des gens qui s'aiment, et qui se retrouvent sur le quai où l'on s'embrasse,
mais comme tu m'as manquée. Et d'autres qui ne savent où aller.
Et ma vision du monde je la cherchais dans leur yeux.
C'était le temps d'une autre année, le temps des néons allumés, le temps des témoins des colombes,
le temps de la vitesse et de l'ombre, le temps des lettres jetées au feu,
le temps où on était heureux.
Un dernier coup d'oeil en arrière, dans le rétroviseur.
Alors souris.
( Ca vallait bien ça. Il vaut bien ça. )
Dimanche 16 mars 2008 à 23:31