J'aimerais poser des mots sur le silence. Sur le vide. Sur le néant feutré de la page qui reste immaculée. Tâcher de salir, m'abîmer dans les cris, hurler, oui, les vérités qu'on n'a pas assez dites, celles qu'on n'a aucune envie d'entendre, choisir les mots les plus aptes à détruire, pour forcer à reconstruire. Je suis aphone, sans voix devant la catastrophe. Témoin et passive; donc coupable. J'aimerais me retrouver. Il n'y a plus que des phrases comme des îles, esseulées, comme des brins d'herbe au milieu du désert, qui ont le toupet de laisser espèrer la vie, encore. Des phrases comme des épaves. Qui n'ont plus d'origine, et dont l'avenir n'est plus guère envisageable. Mon rêve, pourtant, noué à mon poignet. Qui suis-je, où suis-je ? Je me suis égarée. Le pire ce n'est pas le chagrin, ce n'est pas la douleur, ce n'est pas même la solitude; le pire c'est d'être comme anesthésié et de ne plus avoir accès à aucune émotion. D'être imperméable et de tout laisser glisser, tomber. Le pire, c'est d'être absent du monde. Je voudrais des mots pour m'accompagner, pour ne plus jamais avoir à être seule. Je voudrais des mots pour ressentir, pour avoir mal, pour avoir conscience, pour être mouillée par la pluie, brûlée par le soleil, pour me savoir en vie.
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Je t'embrasse bien fort et je retourne vite à mon français si je ne veux pas me coucher à minuit... Pardon pour mon absence, je suis malade et je fais des tas d'examen, mais on ne trouve rien.. Je t'embrasse.