Six heures trente, ce n'est même pas le temps d'un rêve. Chaque seconde compte, petit trésor, chaque minute file. Et je maudis le chauffeur, premier italien à respecter les limitations de vitesse. J'ai le cœur qui bat déjà, un peu trop fort ; je recommence doucement à vivre. Arrivée Piazza San Pietro, et tu es là, tu es là, toi et tes beaux yeux bleus, tu me regardes, tu me souris, tu m'as vue avant moi. Si longtemps que je te connais, je ne me suis toujours pas habituée à l'intensité de ton regard, tes yeux m'aiment trop fort ; je ferme les miens et t'embrasse sans réfléchir - réfléchir à quoi ? Tellement vivante tes doigts entrelacés aux miens, ton bras entourant ma hanche, je me nourris de ta présence. Boulimiques d'amour, on se dévore. Et tu m'emmènes Villa Borghese, par dessus Rome, et je t'écoute me raconter des anecdotes, ton quotidien, et je ris quand tu soupires lorsque le dixième vendeur de roses, traqueur d'amoureux transis, s'avance vers toi. Et tu m'emmènes Piazza del Popolo, Piazza di Venezia, et Piazza di Spagna, ma préférée, tous ces lieux que je revisite et qui soudain prennent de nouvelles couleurs, brillent d'une nouvelle lumière. Pas celle du soleil, non, c'est comme si tu irradiais les rues, les murs, les fontaines et le reste et les autres, c'est comme si ton absence avait décoloré le monde. S'aimer sur les pavés de Rome. Cette sorte de magie qui inonde et noie tout. Dans le métro, tu m'enlaces pour ne pas que je tombe, et d'en bas je sens tes yeux posés sur moi, encore, toujours, arrête, je souris, pourquoi est-ce que tu me regardes comme ça ? Tu réponds sei bellissima. Dans la fontaine de Trévi j'ai lancé deux pièces pour avoir deux fois plus de chance de retourner à Rome, ça t'a fait rire ; maintenant que je n'y suis plus je me dis que, peut-être, il aurait mieux valu jeter tout le contenu du porte-monnaie. Il est quatre heures cinq quand nous regardons l'heure, quarante minutes encore, quarante minutes seulement. Le temps de rien. Je pousse un long soupir et tu me serres un peu plus fort tout contre toi. Je te dis que je ne veux pas partir, que je veux t'emmener avec moi, te glisser dans mes valises ou rater le car, rester ici, et puis au fond qu'importe le moyen, je ne veux pas te quitter marcolino. Tu me dis que tu sais ; sais-tu aussi à quel point je t'aime, te l'ai-je assez bien fait comprendre ? Sais-tu l'avalanche d'émotions que tu me fiches au creux du ventre, cette ruche de papillons dans le bide, et ce que tu as fait de ma vie ? Je te dis au revoir, je te dis à Juillet, m'accroche à ces trois mois d'absence ; trois mois plutôt que l'éternité. Un peu plus loin je me retourne mais je ne peux déjà plus te voir. Pendant le trajet du retour, je lutte entre les sourires et les larmes, les yeux fermés. Bonheur intense et encore chaud mais déjà passé.
Et alors il y a les mains qui perdent peu à peu toute la chaleur de l'union de nos deux paumes. Il y a l'odeur que j'avais trouvé dans la niche de ton cou et que je réussis encore à m'inventer mais qui ne sera bientôt plus qu'un souvenir acidulé. Il y a l'empreinte de ta joue sur la mienne, la pression de tes caresses qui disparaît déjà. Il y a la fente bleue de tes yeux, à la fin de chaque baiser, qui s'éloigne doucement , s'estompe et me laisse seule et vulnérable. Je manque déjà de ta douceur et de la façon que tu as de me regarder, sourire malgré toi, remettre à leur place des mèches espiègles de cheveux et me faire sentir la plus belle du monde. Je manque déjà de tes baisers dans le cou, sur la joue, de notre proximité et de cette force indéniable qui tord le cou à toutes les impossibilités.
Je manque déjà de toi, si fort. Attends-moi... attends-moi.
Et alors il y a les mains qui perdent peu à peu toute la chaleur de l'union de nos deux paumes. Il y a l'odeur que j'avais trouvé dans la niche de ton cou et que je réussis encore à m'inventer mais qui ne sera bientôt plus qu'un souvenir acidulé. Il y a l'empreinte de ta joue sur la mienne, la pression de tes caresses qui disparaît déjà. Il y a la fente bleue de tes yeux, à la fin de chaque baiser, qui s'éloigne doucement , s'estompe et me laisse seule et vulnérable. Je manque déjà de ta douceur et de la façon que tu as de me regarder, sourire malgré toi, remettre à leur place des mèches espiègles de cheveux et me faire sentir la plus belle du monde. Je manque déjà de tes baisers dans le cou, sur la joue, de notre proximité et de cette force indéniable qui tord le cou à toutes les impossibilités.
Je manque déjà de toi, si fort. Attends-moi... attends-moi.