Quand j'étais une toute petite fille, les paillettes dans mes yeux brillaient toujours un peu plus quand arrivait décembre. A mon chevet, les catalogues de jouets remplaçaient l'air de rien mes premiers romans et j'allais plus volontiers faire les courses avec maman pour pouvoir m'égarer dans les rayons de poupées. Le bonheur tenait à ça. Les vitrines prenaient des couleurs et la ville s'habillait de lumière, de sorte qu'il n'y avait plus de raison d'avoir peur quand tombait la nuit. Au piano, j'apprenais le divin enfant. Les bouts de nez glacés dès qu'on faisait deux pas dehors, faisaient réémerger le doux espoir des bonhommes de neige et des descentes en luge dans le parc du bout de la rue. Dès le premier du mois, je priais papa et maman d'aller acheter un sapin, de prendre le plus grand de tous, un qui irait toucher le plafond! - il n'était jamais aussi grand, mais l'odeur de forêt qui remplissait la maison, la cheminée allumée, l'expédition à la cave pour remonter toutes les décorations, et le soin que nous prenions pour accrocher chaque boule, chaque guirlande, et puis enfin l'étoile tout en haut, toutes ces choses suffisaient à envelopper la maison d'un halo de chaleur. Les visages s'allument avec les guirlandes, en décembre. Les gens se laissent être heureux et la vie semble un peu plus simple. Quand j'étais une toute petite fille, j'avais des convictions fortes que personne n'aurait jamais pu ébranler. Le père-noël existait, et quand les grandes personnes ont estimé que j'étais trop grande pour croire en ces choses là, et qu'ils ont décidé de me dire la vérité, je ne les ai tout simplement pas crues. Je les trouvais stupides d'être capables d'en douter. Le père-noël existait, sinon d'où pouvait venir toute cette magie ? et je me fichais incroyablement de savoir comment il pouvait traverser la cheminée et arriver jusqu'au sapin sans se brûler les fesses. J'avais des convictions, ma famille était inébranlable, papa et maman représentaient l'idéal de l'amour, ils nous racontaient qu'ils se voyaient en cachette pendant qu'ils promenaient leur chien, que papa s'était caché en Calabre après avoir fait sa demande en mariage à maman par crainte de la réaction de mon grand-père, qu'ils s'étaient écrits des tas et des tas de lettres d'amour. Quand je serai grande, je veux être comme maman, et avoir un amoureux comme papa. La maison était bruyante, bruyante de vie, la maison était pleine. On grandit et on devient plus exigeants, on découvre que les hommes mentent, que le père-noël n'était qu'un mensonge, on se demande si le bonheur aussi ? Mais, j'ai continué à aimer noël, j'ai continué à y trouver de la magie, à quémander le sapin, à ouvrir grands les yeux et les oreilles devant les lumières et les chants de noël, les sourires des gens. J'ai continué à me délecter de l'image du salon dévasté par les papiers cadeaux déchirés par la hâte. Continué à regretter, le vingt-cinq au soir, qu'il faille à nouveau attendre une année entière pour retrouver ce doux cocon de perfection. J'aime noël, je crois en la magie, en l'amour, j'ai des convictions et des rêves, le père-noël existe, il est éparpillé à l'intérieur de nous, la toute petite fille que j'étais est toujours là, je ne suis rien de plus, je ne veux être rien de plus que cette toute petite fille. Mais cette année j'ai délaissé égoïstement noël pour mes propres rêves, j'ai délaissé ma famille, j'ai été la pièce manquante au puzzle, pièce perdue. Il fait nuit, il n'y a pas de lumières, aucun bruit, je me sens grande et j'ai peur de ce que va être demain. Des peurs de toute petite fille.

Dimanche 25 décembre 2011 à 21:39

http://cumulus.cowblog.fr/images/amandacass7lamourparlafenetre.jpgFrisson. Quelquefois j'oublie qu'autour de moi il n'y a rien d'autre qu'un fossé d'absence et qu'il n'y a plus que le vent pour m'effleurer. De ses lèvres entrouvertes il souffle sur ma nuque, m'enveloppe de ses bras, passe ses paumes entre mon pull-over et ma peau pour m'étreindre tendrement au niveau des hanches. Il caresse du bout des doigts mes omoplates, avec ta délicatesse. Je ferme les paupières et tu prends de la consistance, et c'est un corps à corps, et c'est un voile de soie, fin, léger, invisible, qui glisse sur ma peau et me déshabille. Le vent est ton fantôme. Vivant, il te matérialise, il t'abrite et je m'abrite en lui.
J'ai besoin de croire que tout ne se résumait pas à nos deux corps, besoin de croire qu'il y avait quelque chose, au-delà. J'ai besoin de croire que je ne suis pas incommensurablement seule, qu'il y a un peu d'éternité en chacun, que tu es encore un peu là, que tu es encore un peu mien. Que l'amour, s'il est assez fort, survit à tout, oui, même à ça.
Je veux devenir le vent et me mêler à toi. Faire l'amour encore mieux, sans contraintes physiques, sans usure, sans fatigue. Faire l'amour comme des plumes, comme les pas dans le sable, comme la pluie et les larmes, comme le soleil avec les vagues quand il tombe dans l'océan à vingt heures.  D'égal à égal. M'égarer en toi, m'éprendre de toi; se partager. Devenir oiseaux, papillons, libellules, nuages, et écraser le ciel de la force de notre amour.
Le vent me murmure les mots d'amour que tu n'as plus la possibilité de me dire. Je sais que tu es là, quelque part, tout près, indicible. Je le sais parce que personne d'autre que toi n'a jamais su faire trembler mon corps, ni mon coeur, de cette façon. Je sais que c'est toi, je sens presque ton odeur, ta chaleur, tu satures l'air que je respire de ta singularité, tu colores la nuit, tu estompes un peu la douleur, tu combles le vide, tu me soulages du poids de ton absence en m'offrant un morceau de ta légèreté. Nos sentiments dépassent la frontière des sens, du possible, du rationnel. Tu es là et c'est ton cadeau d'au revoir, ton ultime preuve d'amour : trouver le moyen de nous maintenir ensemble et de faire perdurer notre amour, défier et anéantir les distances qu'imposeraient logiquement la mort.

Toi, tu nous as rendus éternels. Tu nous as rendus immortels.

 

http://cumulus.cowblog.fr/images/Whereverthewindtakesme.jpg


Mercredi 6 juin 2012 à 23:17

Je me rappelle de ces nuits qui passaient sous nos yeux comme des étoiles filantes : belles et furtives, des milliers de désirs sous les paupières. Nous nous laissions envelopper par le velours du ciel, la nuit fondait nos deux corps et effaçait les frontières de nos peaux. Mes lèvres se poursuivaient par tes lèvres, ma main par ta nuque, tes doigts sous ma robe s'immisçaient en-dedans de ma peau. Nous mélangions nos couleurs comme sur la toile d'un artiste peintre, partout du rouge du jaune du bleu du vert. Feux d'artifices, éruption, irruption du bonheur qui nous dégoulinait dans les cheveux, le long du dos, entre les doigts, et jusqu'au creux de l'estomac. L'impudeur de la lune en faisait un témoin de notre amour. Sous nos pieds, un tapis d'étoiles nous rendait légers, légers, elles nous envolaient, nous accrochaient tout en haut du ciel. Nous étions fusion, nous étions lumière; nous devenions étoiles.

 

http://cumulus.cowblog.fr/images/marchersurlesetoiles.jpg

Mardi 12 juin 2012 à 23:47

Parlez-moi de vos rêves. Des gigantesques, plus grands que vous, que vous couvez depuis presque toujours, avec lesquels vous avez grandi; et de ceux minuscules, qui naissent et meurent chaque jour, gouttes de bonheur. De ceux réalisables et de ceux que vous jugez utopiques, mais auxquels vous continuez cependant à croire un peu, en cachette, coûte que coûte. Parlez-moi de ceux que vous avez réalisé hier, de ceux que vous réaliserez demain, de ceux que vous avez dû abandonner en cours de route. Que vous soyez à l'aurore ou à l'aube de vos rêves. De la place qu'ils prennent, de la manière dont ils adoucissent votre existence, ou tout du moins la transforment, et vous transforment. Racontez-moi vos rêves nocturnes ou ceux qui vous collent à la peau le reste de la journée. Qu'ils soient altruistes ou égoïstes, fous ou sages, douloureux, intimes, téméraires, simples ou incroyables. Tous les rêves sont ex-æquo, tous ont leur place particulière. Racontez-moi. :)

http://cumulus.cowblog.fr/images/pissenlitoiseaux-copie-1.jpg

http://cumulus.cowblog.fr/images/thingsareimpossibleuntiltheyrenot-copie-1.jpg
 

 

« Pour réaliser une chose vraiment extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez d'un trait jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. »
~ Walt Disney ~

 

Dimanche 17 juin 2012 à 11:49

http://cumulus.cowblog.fr/images/papillonsventre.jpgLa vie est faite de petits bonheurs. Un ami qui te serre dans ses bras, comme ça, pour rien. Le mot d'une petite soeur glissé inaperçu dans un coin de la chambre, débordant de coeurs et de je t'aime. Un repas la famille au complet. Une enveloppe inattendue dans ta boîte aux lettres. De vieilles diapositives projetées sur le mur du salon. L'analyse des dessins cotonneux des nuages, allongés dans l'herbe printanière, caressés par le soleil. Le premier baiser, le deuxième, le troisième, le millième. Les couchers de soleil, et puis les aurores. La pluie, et puis l'arc-en-ciel. Les coïncidences. L'odeur de mon plat préféré qui monte les escaliers jusqu'à ma chambre. Les départs en vacances. Les surprises, les étoiles filantes, la douceur des éclats de rire. Des instants, légers, volatils, virevoltants puis se déposant délicatement au creux de nos vies. Sans doute ceux qui comptent le plus. Mais aujourd'hui, aujourd'hui je me suis laissée enveloppée d'un bonheur beaucoup plus grand. Pas vraiment mesurable, finalement. En une seconde, c'est la vie qui chavire, c'est une implosion, une explosion. Et puis tu te mets à pleurer. Fort, très fort. Aussi intensément que si c'était une rupture, sauf que c'est l'émotion contraire, tu pleures de bonheur. J'avais entendu, j'avais vu dans les films, j'avais lu dans les romans, et puis j'avais connu les petites larmes de joie, mais je crois, je crois que je n'avais jamais pleuré de bonheur. Ca ne brûle pas les yeux, ça réchauffe, ça trace des sillons doux sur les joues; je crois qu'on pourrait y faire pousser des fleurs. Quarante-deux, tu n'y crois pas, quarante-deuxième au concours de médecine, le chiffre résonne, quarante-deux, quarante-deux, quarante-deux, tu ne l'intègres pas encore. La réalisation d'un rêve de petite toute petite fille, le rêve de tes même-pas-six-ans. Naïf, d'abord, puis de plus en plus clair, de plus en plus certain, évident. Ton père vient te serrer dans ses bras, lui qui ne touche jamais personne, et tu as encore les yeux fermés mais tu sais sa fierté muette. Puis la fierté - moins muette - de maman. C'est quelque chose d'assez incroyable, un trésor inestimable, la fierté de ses parents. Je me sens terriblement légère, ce soir. Parce que je sais maintenant que quelquefois les rêves se réalisent, que parfois ils franchissent la frontière ténue des idéaux pour empiéter sur notre réalité. Parce que je sais que les sacrifices ne sont pas toujours inutiles, que les routes n'amènent pas forcément à une voie sans issue, que ça peut valoir le coup, qu'il faut oser y croire encore et encore, et encore, épuiser ses forces dans ce qui nous tient à coeur tant que cela reste possible, tant qu'il reste une chance, même infime.

http://data.whicdn.com/images/29834159/tumblr_m505r6XW0o1rwwzwjo1_500_large.jpg

Mercredi 20 juin 2012 à 0:56

<< Page précédente | 7 | 8 | 9 | 10 | 11 | 12 | 13 | 14 | 15 | Page suivante >>

Créer un podcast